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Une rencontre pour parler de Kintsugi et de spiritualité

livre de développement personnel ; kintsugi, l'art de la résilience

J’ai eu l’honneur d’être interviewée pour le site Livres Bouddhistes à l’occasion de la sortie du livre « Kintsugi, l’art de la résilience ». C’était une très belle rencontre, avec des questions d’une rare qualité, exigeantes, pertinentes, fouillées. Un vrai plaisir !

En voici la retranscription :

Rencontre avec Céline Santini : Kintsugi, l’art de la résilience

Céline Santini présente son nouveau livre "Kintsugi, l'art de la résilience"

© Catherine Delahaye

Bonjour Céline Santini et bienvenue sur Livres Bouddhistes ! Merci d’avoir accepté cet entretien, pour la sortie de votre livre Céline SANTINI – Kintsugi : l’art de la résilience chez First Editions (https://esprit-kintsugi.com/). J’ai eu un grand plaisir à le lire, c’est un livre magnifique ! Par ailleurs, je vois que votre livre connaît un grand succès et qu’il va être publié dans plusieurs langues ! Je vous félicite ! Il faut dire que le livre, en soi, est tout d’abord un très bel ouvrage : comment avez-vous participé à l’esthétique du livre ? Comment s’est-elle déterminée ?

Merci beaucoup pour votre invitation, et pour vos compliments sur mon livre ! En effet, il va avoir la chance d’être publié dans 9 langues différentes… Je suis touchée qu’il vous plaise. Concernant l’esthétique du livre, c’est avant tout un travail d’équipe étroit entre la graphiste, l’éditrice et moi-même qui a permis d’aboutir à ce joli résultat. A titre personnel, j’aime les choses épurées, et cela s’est ressenti dans mon manuscrit, et a été parfaitement retranscrit par la graphiste. Nous avons également eu l’immense chance de pouvoir utiliser les magnifiques photos de l’artiste Kintsugi française Myriam Greff pour illustrer les concepts du livre, et cela a tout changé ! La première version de la couverture ne comportait pas de visuel de Kintsugi, seulement les cicatrices… Mais nous nous sommes tous mis d’accord pour ajouter ce magnifique bol Kintsugi noir qui permet de comprendre immédiatement en quoi cet art consiste, même pour les non-initiés.

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes s’il-vous-plaît ?

Je m’appelle Céline Santini, je suis auteur et coach en développement personnel et art-thérapie. J’ai écrit une quinzaine d’ouvrages, dont les points communs sont la créativité, le développement personnel, et l’apprentissage. Leurs thèmes suivent étrangement ma ligne de vie…

Que veut dire Kintsugi ? Qu’est-ce que le Kintsugi ? Sublimer des cicatrices ?

En Japonais, « Kin » signifie « Or » et « Tsugi », « Jointure ». C’est l’art de la jointure à l’or… Le Kintsugi est un art japonais ancestral qui consiste à réparer un objet cassé en soulignant ses lignes de failles d’or pur, au lieu de les cacher. C’est donc tout à fait l’art de sublimer les cicatrices en effet. Que l’on parle d’objets réels, ou de blessures plus symboliques…

Livre de développement personnel : "Kintsugi, l'art de la résilience"

Est-ce le Zen qui a inspiré le Kintsugi ?

Le Kintsugi invite à la contemplation, et à accepter l’impermanence des choses… En cela il y a des ponts évidents entre le Kintsugi et la philosophie zen.

Est-il spécifiquement japonais, ou le retrouve-t-on ailleurs dans le monde ?

A ma connaissance, cet art est originaire du Japon. Le matériel utilisé est d’ailleurs japonais, en particulier les laques très spécifiques (Urushi) qui sont issues de la résine des laquiers asiatiques. Cependant, l’esprit Kintsugi infuse à travers le monde, sur tous les continents, dans des créations artistiques, en tendance de décoration, et même à travers la musique…

Comment avez-vous été initiée au Kintsugi ? Nécessite-t-il un maître pour le pratiquer, comme avec l’ikebana ou la cérémonie du thé, ou même zazen ?

Je suis personnellement autodidacte, tout simplement parce que quand j’ai découvert et eu le coup de foudre pour cet art je n’avais pas la possibilité d’aller me former auprès d’un Maître au Japon avec mon bébé de 6 mois ! Ce qui, bien sûr, aurait été idéal. Mais heureusement, de nos jours on trouve facilement toutes les informations en accès libre (principalement en anglais et en japonais) sur internet, et le matériel se commande facilement à distance. Après, c’est un art si exigeant qu’il faut des années pour le maîtriser, et je n’en suis qu’au tout début du voyage ! Cependant, en le pratiquant, j’ai eu le bonheur de découvrir intuitivement des gestes, comme s’ils faisaient partie de moi et que je les « retrouvais »…

Ce livre c’est aussi un opus où vous vous contez. Ce livre est-il une catharsis ?

C’est tout à fait cela, ce livre parle de guérison… à commencer par la mienne. Poser des mots sur mes douleurs a contribué à mon propre processus de cicatrisation, et pourra je l’espère inspirer les lecteurs en chemin.

Kintsugi, l'art de la résilience

© Myriam Greff

Comment vous est venue cette idée d’articuler les procédés techniques du Kintsugi, à la personne humaine ? Finalement, je me dis que le Kintsugi est presque un prétexte pour vous afin de pouvoir appliquer ses préceptes à l’être humain…

Je vais vous avouer une chose : cela s’est imposé à moi. Au départ, j’ai eu le coup de foudre absolu et immédiat pour cet art. La première fois que j’ai entendu parler du Kintsugi, j’ai eu une illumination. Comme si l’âme du Kintsugi résonnait en moi et m’appelait. Comme si ce thème m’attendait depuis toujours et allait m’aider à assembler les pièces de mon propre puzzle… Et quelques mois après, j’ai eu l’opportunité inouïe de présenter un synopsis sur ce sujet. J’ai tourné un peu autour, cherchant la bonne façon de l’approcher. Quand, soudain, j’ai eu l’idée de faire le parallèle entre les différentes phases de la réalisation d’un Kintsugi et le processus intime de guérison de chaque personne. Etape par étape. C’était comme si je tirais sur un fil et que le fil conducteur se déroulait tout à coup sous mes yeux : le Kintsugi servait ainsi de guide vers la résilience, à la fois à travers ses différentes étapes techniques, et dans sa symbolique si évidente.

Le Kintsugi c’est aussi l’art du recyclage ! Au lieu de jeter, on répare, on renouvelle ! Quelle est sa portée écologique ? Celle-ci s’applique-t-elle aussi de cette façon, à l’âme ? Je parle d’une « écologie de l’âme ».

Le Kintsugi date du Xvème siècle, mais a été plutôt méconnu pendant des centenaires, même auprès de certains japonais : le Kintsugi reste tout de même assez confidentiel. Il est donc intéressant que ce soit au moment où la conscience écologique s’amplifie qu’il émerge ! D’ailleurs on peut noter que 3 livres sur la symbolique du Kintsugi sont justement sortis au même moment, de 3 auteurs différents, dans 3 points différents du globe ! Le Kintsugi invite bien en effet à garder et recycler, au lieu de jeter… On peut même parler d’upcycling ! Et, bien sûr, en effet, cette métaphore se transpose à l’âme : le Kintsugi peut parler symboliquement à toute personne blessée, quel que soit le type de blessure. Le Kintsugi est là pour rappeler que, même blessée ou brisée, notre âme a une valeur, qu’il convient d’honorer et de magnifier avec de l’or pur, tel un Kintsugi vivant…

Page 38, vous évoquez les nombreuses voies que vous avez empruntées ! Votre livre fourmille d’ailleurs de procédés éclectiques, des techniques de bien-être et de connaissances de soi que vous avez expérimenté. Désormais, vous êtes vous trouvée ? Avez-vous trouvé une voie (vous parlez aussi beaucoup de yoga et d’ayurveda) ?

Personnellement, je crois bien qu’on ne se « trouve » jamais vraiment, et que lorsque l’on entame le voyage du développement personnel et spirituel on n’arrive jamais à destination, puisque l’on peut toujours progresser… Je ne sais plus où j’ai lu cette phrase qui me parle énormément : «Tu veux savoir si tu as accompli ta mission de vie ? C’est très simple : es-tu encore en vie ? Alors, c’est que tu n’as pas encore tout accompli…. »

Mais pour répondre à votre question, si je ne devais ne choisir qu’une voie pour me représenter, ce serait la Voie du Kintsugi, la Kintsugi-Dô, qui m’a littéralement « happée » et que je me suis un peu appropriée en chemin, car elle parle de résilience, d’art, de créativité, de patience, et nous rappelle à quel point nous sommes uniques au monde…

Le Kintsugi est un art aux symboles alchimiques

Personnellement, êtes-vous éclectique, ou participez-vous d’une tradition spirituelle en particulier ?

J’ai été éduquée par une mère médecin, très cartésienne et rationnelle, pour qui les psys sous toutes leurs formes étaient des charlatans ! Je suis donc partie de « zéro » question éducation spirituelle ! Cependant, cela ne l’empêchait pas d’avoir de très belles valeurs, qu’elle m’a transmis tout au long de sa vie par son exemple : en particulier le respect des autres, l’amour de la vérité, la fiabilité, le courage, la valeur du travail. Mais j’ai dû découvrir beaucoup de choses par moi-même, et j’ai en effet expérimenté de nombreuses voies. Aujourd’hui, je vois surtout désormais leurs points communs : des principes finalement assez simples, basés souvent sur l’examen de conscience et les valeurs, le respect de soi et des autres, une bonne hygiène de vie, une alimentation saine, la méditation et le lâcher prise…

Plus j’avance sur le chemin, moins je m’attache à des dogmes ou des enseignements, je crois que la Voie est à l’intérieur de chacun de nous et que nous avons vraiment toutes les réponses en nous… C’était quelque chose d’assez abstrait pour moi au début de mon chemin, que je comprends de mieux en mieux au fil du voyage…

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que ce livre permet d’appliquer les étapes du Kintsugi à soi, à son être : il y a quelque chose d’alchimique (peut-être taoïste?) dans le procédé que vous détaillez. Faites-vous un lien avec l’alchimie ?

Cela me fait plaisir que vous ressentiez ce lien à l’alchimie, car, en effet, pour moi, le Kintsugi est clairement un procédé alchimique ! En passant par plusieurs étapes qui rappellent l’œuvre au noir et l’œuvre au rouge par les couches de laques successives, il s’agit de transformer notre propre plomb en or pour renaître, transformé, voire transmuté…

Le kintsugi concerne-t-il essentiellement la poterie, ou peut-il être appliqué à d’autres objets ?

Traditionnellement le Kintsugi s’appliquait à la poterie, mais on peut le transposer à absolument tous les objets et tous les supports : verre, bois, plastique… Même un Tupperware deviendrait unique au monde et sublime après avoir été « kintsugué » !

Kintsugi, l'art de la résilience

© Myriam Greff

Votre livre est divisé en six parties. Les titres des parties et des chapitres qui les composent sont des injonctions : Découvrez, Brisez, Assemblez, etc… C’est comme un cours – c’est aussi mettre en confiance le lecteur : quel lien intime vouliez-vous établir avec le lecteur ?

La notion qui me vient en tête en lisant votre question, c’est celle de la transmission. C’est comme si ce livre me permettait de transmettre au lecteur les clefs de compréhension que j’ai pu glaner à travers les différentes expériences de ma vie, qu’elles soient difficiles ou positives. Je vois le lecteur comme mon miroir, à différentes étapes de ma vie, qui se pose les mêmes questions que moi et à qui j’essaie de répondre ou, en tout cas, de donner des pistes. J’ai d’ailleurs appris énormément de choses en écrivant le livre !

Votre livre parle du « protocole » de soin des objets, ce qui vous permet de le doubler d’un autre prenant le lecteur pour l’objet des soins : c’est cette résilience dont vous parlez. Nous aussi pouvons être brisés, et réparés, et sublimés. Mais quand nous appliquons le Kintsugi à un objet, nous agissons comme une personne extérieure – or, comment peut-on s’auto-réparer dans le cadre du Kintsugi ? Ce ne devrait pas être quelqu’un d’autre qui devrait nous appliquer le Kintsugi si nous sommes brisés ? Peut-il être une médecine (pour être jusqu’au-boutiste) ?

Je comprends votre question… En effet, il convient de se faire soutenir par une aide extérieure quand on souffre. Mais j’ai remarqué que le Kintsugi a un effet immédiat sur certaines âmes chez qui il résonne. Ce n’est d’ailleurs pas le cas de tout le monde : le Kintsugi laisse certaines personnes indifférentes. Mais pour ceux que le Kintsugi « appelle », l’effet est intense, et fonctionne en direct, sans intermédiaire : en contemplant simplement un Kintsugi, des choses peuvent se réparer instantanément en nous, en surface. Mais les lignes de failles du Kintsugi vont faire bouger les nôtres, et c’est en profondeur qu’il va agir dans un second temps quand on laisse cette symbolique infuser en nous, et plus particulièrement si on réalise son propre Kintsugi personnel, représentant nos blessures, notre cicatrisation, et notre splendeur unique.

Le wabi-sabi, dont j’ai déjà parlé sur Livres Bouddhistes, est une notion importante dans le Kintsugi. Quelle importance lui est donnée ici ?

Le Wabi Sabi invite à reconnaître la beauté des choses imparfaites et patinées par le temps… En cela le Kintsugi s’inscrit parfaitement dans cette tendance en effet : les objets ayant subi l’usure du temps ou ayant été brisés peuvent être réhabilités, et leurs imperfections non seulement acceptées, mais soulignées et glorifiées…

Vous évoquez le poison dans votre livre, et les Trois Poisons sont une notion importante dans le bouddhisme : expliquez-nous cela s’il-vous-plaît.

Je vais être très honnête avec vous : je ne connaissais pas cette notion des trois poisons, et j’en suis bien désolée car cela aurait été en effet très pertinent d’en parler dans le chapitre qui invite à transformer son poison en antidote… Je pense que plus on avance dans son évolution, plus on quitte une pensée binaire et duale pour aller vers une acceptation de soi, avec ses travers et ses imperfections. On s’aperçoit que les choses ne sont pas si tranchées, « tout blanc ou tout noir », et que nos blessures, nos travers, nos poisons font aussi partie de notre expérience, notre parcours de vie, de nous… et qu’il convient de nous accepter en entier, avec nos faiblesses et nos imperfections…

livre de développement personnel ; kintsugi, l'art de la résilience

Dans les étapes du Kintsugi, il a cette étape où, s’il manque une pièce que l’on pourrait recoller, on la recrée… ou on la prend à un autre ! Mais comment faire avec l’âme quand il lui manque une pièce ?

Evidemment, cela paraît plus difficile de « recoller  les morceaux » quand il nous manque une partie… Mais j’ai remarqué que les plus beaux Kintsugis sont justement souvent ceux qui comblent les manques avec des apports extérieurs. Il se passe alors une alchimie, une symbiose entre deux morceaux qu’a priori tout éloigne, et la combinaison de deux objets banals peut même s’avérer parfois explosive ! Transposée aux réparations de l’âme, je pense que cette symbolique invite à s’ouvrir aux apports extérieurs, au-delà des peurs et des croyances. On a tous tendance à vivre repliés sur nous-mêmes, en parcourant les mêmes circuits familiers. Mais c’est souvent hors de notre zone de confort qu’il se passe les expériences les plus enrichissantes. Le Yobi-Tsugi (c’est le nom du Kintsugi qui associe diverses influences) invite donc l’altérité en nous. Aussi, pour répondre à votre question, s’il nous manque une pièce, et si nous allions la chercher à l’extérieur pour nous essayer à des associations inédites et transcendantes !

En fin de compte, l’objet brisé et réparé est encore plus beau qu’il ne l’était avant l’accident… Sans accident, pas de seconde beauté ! Et les accidents de la vie sont inévitables… On dit même que quelqu’un qui n’a pas pris de coups dans la vie n’a pas vécu. Cet art du Kintsugi, c’est une sorte de chemin initiatique, de sentier symbolique n’est-ce pas ?

C’est tout à fait cela, je ne pourrais mieux dire… En vivant protégé dans une tour d’ivoire, on s’assure une vie sans accroc… mais peut-être bien terne. Le Kintsugi nous rappelle que nos accidents, nos blessures, nos épreuves nous ont fait souffrir mais nous ont permis de grandir en chemin… Paradoxalement, nous sommes bien plus beaux, plus résistants et plus précieux d’avoir été brisés !

Vers la fin du livre, vous dites que l’objet cassé et réparé s’est réincarné ! Dites-nous en plus à ce sujet s’il-vous-plaît !? C’est intriguant pour un bouddhiste comme moi !

L’objet est réparé avec de l’or, il est sublimé : il n’est donc pas seulement réparé, il est aussi transformé. C’est en cela que l’on peut parler de renaissance : on ne sera plus jamais la même personne qu’avant l’épreuve, on renaît à soi. Pour moi, nos épreuves sont initiatiques et nous font grandir et évoluer, nous invitant à renaître plusieurs fois au cours de notre vie, tel un phénix renaissant de ses cendres… C’est donc l’opportunité d’une réincarnation en soi, au cours de la même vie ! Nos épreuves sont souvent l’occasion de prises de conscience, de progression, d’évolution, de deuxièmes chances…

Cet art de la résilience, le Kintsugi, c’est un long chemin, qui nécessite du temps, du soin, de l’observation, de la méticulosité, bref c’est un art, une sagesse, une pensée, une action : un art de vivre en somme ! Mais il y a un début, et une fin. C’est donc surtout une technique ?

La force de spiritualité du Kintsugi

© Myriam Greff

Pour moi, l’art du Kintsugi est plus qu’une technique, c’est avant tout une métaphore très puissante qui touche directement notre inconscient et notre âme et continue donc à infuser même après la réparation. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la laque utilisée dans la technique traditionnelle du Kintsugi continue à durcir pendant les semaines, les mois et les années qui suivent la réparation. J’y vois un parallèle avec nos blessures intimes, qui continuent à cicatriser au fil du temps.

Vous évoquez également les tatouages sur les cicatrices, comme celles qui apparaissent après une mastectomie… l’humain aussi peut devenir l’objet du Kintsugi !?

Il est vrai que la métaphore du Kintsugi parle spontanément aux personnes ayant subi des blessures intimes psychologiques et émotionnelles. Mais, en effet, on peut aussi s’emparer de la symbolique du Kintsugi pour un soutien à la cicatrisation du corps. De nombreux artistes s’en inspirent, pour recouvrir définitivement (tatouage thérapeutique) ou temporairement (cicatrices recouvertes à la feuille d’or) les traces de certaines blessures (mastectomies, césariennes, vergetures, automutilations…) qui ont une forte résonnance pour les personnes ayant souffert. Et cela les soutient énormément dans leur processus de guérison. En cela le Kintsugi est une forme d’art-thérapie.

Quelle est l’étape la plus dure à franchir dans l’art du Kintsugi ?

C’est en fait extrêmement personnel, en fonction du vécu de chacun et des choses que nous avons à travailler intimement. Par exemple, pour certains, le plus dur sera la première étape, celle qui consiste à accepter la blessure, parce que tout simplement ils sont dans le déni et le refoulement, et prétendent que tout va bien… Pour d’autres personnes, ce sera de prendre la décision de se réparer, car leur manque de confiance en eux les fait renier leur valeur et croire qu’elles ne méritent pas de mettre de l’or sur leurs blessures… Certains ont plus de mal avec les phases contemplatives, de patience et d’attente, qui les mettent face à eux-mêmes alors qu’ils ont tendance à se voiler la face en se diluant dans les projets et l’action… D’autres ont paradoxalement du mal à passer à une étape clef, celle où l’on saupoudre la poudre d’or, car elle signifie la fin d’un cycle et le début d’un autre, et qu’ils préfèrent inconsciemment s’accrocher à leur passé : aussi douloureux soit-il, il leur est familier… Enfin, d’autres s’arrêtent juste avant l’étape finale, qui consiste à polir les cicatrices d’or de l’objet pour les faire resplendir, car ils ont du mal avec l’achèvement des choses et préféreront toute leur vie s’arrêter au 99° alors que c’est à 100° que l’eau bout, en une forme d’auto-sabotage récurrent…

Tout un chacun peut s’approprier cet art du Kintsugi. Toutes les étapes que vous décrivez : cela me fait penser à la couture rituelle dans le Zen, où la couture du kesa, du rakusu, du zagu, des pochettes sont autant d’occasion de méditer. Le Kintsugi est un enseignement spirituel ! Et une méditation ?

En effet, l’art du Kintsugi est très contemplatif, et s’apparente en cela à d’autres arts zen tels que la calligraphie (Sho Do), la cérémonie du thé (Sa Do), le tir à l’arc (Kyu Do), etc… Ce que j’ai découvert en écrivant le livre, c’est que la Voie (le Do) est finalement très personnelle, et que la forme qu’elle prend n’est qu’un prétexte pour parler à l’âme de chacun. C’est pourquoi il existe une multitude d’arts de vivre et de Voies, pour que chacun trouve celle qui résonne en lui. Celle qui m’a trouvée est la Voie du Kintsugi, la Kintsugi Do… Vous appellera-t-elle aussi ?

Céline Santini

© Sabrina Mariez

J’aurai mille questions à vous poser, aussi je passe désormais à ces quelques questions traditionnelles de mes entretiens : qu’aimeriez-vous ajouter au sujet de votre Livre sur le Kintsugi ?

Quand on découvre l’existence du Kintsugi pour la première fois, on sait instantanément s’il nous appelle ou pas. S’il résonne en vous, je vous invite à plonger dans ses délices, c’est un chemin, une Voie vers la découverte de Soi.

Quel est le meilleur des enseignements spirituels que vous connaissez ?

L’écoute de son corps, de sa voie/voix intérieure, de son âme, de son intuition, de son GPS intérieur, de son Moi Supérieur… Quel que soit le nom que l’on lui donne : toutes les réponses sont déjà là.

Pour quoi devons-nous nous battre aujourd’hui ? Qu’est-ce qui nécessite de la part de chaque humain une attention toute particulière ?

Il y a des causes qui me tiennent particulièrement à cœur personnellement, en particulier l’éducation des enfants et la défense des droits des animaux.

Mais je crois que chaque combat est propre à chacun, et qu’il ne faut pas les hiérarchiser. A chacun de faire sa part de colibri en fonction de l’appel de son âme…

Quels sont les 3 livres incontournables, importants pour vous, pas forcément bouddhistes, dont vous aimeriez que je parle sur Livres Bouddhistes ?

Je m’intéresse beaucoup à l’énnéagramme, qui m’a donné de nombreuses clefs. En particulier je peux recommander le livre de Sandra Maitri, « Les 9 visages de l’âme, l’épanouissement spirituel par l’énnéagramme ». C’est un livre que je relis régulièrement et dans lequel je trouve toujours un autre niveau de lecture.

Bien sûr, les quatre accords toltèques, qui ne se présentent plus… Ces principes infusent en moi petit à petit…

Et puis, et ce choix va vous surprendre, les Barbapapas. Comme tout quadragénaire, ils ont bien sûr bercé mon enfance. Je vous invite à les relire avec un œil d’adulte, car ils parlent directement à notre enfant intérieur et sont porteurs de très belles valeurs : antiracisme, acceptation des différences, ré-enchanter le quotidien, protéger la nature et les animaux…

Le Kintsugi nous parle de guérison et de spiritualité

Résumez-vous, littéralement, en trois mots, trois adjectifs s’il-vous-plaît :

Créative

Résiliente

Multipotentialiste

Préparez-vous un autre livre ?

J’en prépare… 5 ! Mais je sens surtout que j’ai toujours au fond de moi LE livre, celui dont je ne connais pas encore le thème ni le visage, le roman initiatique inspirant qui émergera un jour, quand mes lignes de faille auront encore un peu bougé…

Merci encore pour cet entretien ! Livres Bouddhistes vous sera toujours ouvert ! Les derniers mots sont pour vous !

Merci infiniment pour ces questions très profondes auxquelles j’ai eu un plaisir inouï à répondre !

Pour conclure, j’invite chacun d’entre vous à comprendre que vous pouvez transformer chacune de vos lignes de failles en lignes de force…

Céline Santini. Kintsugi-Do. First Editions. Résilience. Souffrance. Coup de coeur. Entretien. rencontre. interview


Merci infiniment à Jonathan Zui Ho pour ces magnifiques questions. Retrouvez toute l’interview, et bien d’autres encore, sur le site Livres Bouddhistes,

ainsi que la chronique du livre « Kintsugi, l’art de la résilience » par Livres Bouddhistes.



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